mardi 17 décembre 2013

Vagues à l'âme

J’ai les yeux en miettes, le cœur en vrac, sur ma main, en arrêtes, cheveux fendus, les pieds au mur. Ma gorge sursaute. Tout se consume en souplesse et moi j’acquiesce. 
J’ai mal au ventre, je sens mon sang circuler comme si il me faisait payer chaque centimètre de ce labyrinthe sans nom. J’en oublie de respirer. Mes lèvres me suspendent. Langue morte.
J’accuse des battements qui ne s’arrêtent plus, qui usent mes organes comme si j’avais vécu ; toute une vie en quelques minutes. Mes bras se dérobent, mes jambes s’enlacent. Mes mains s’agacent et me filent entre les doigts, une lente morsure veine, et défectueuse. J’entends. Retentissant, frénétique, le soulèvement éclatant de ma peau.
Toujours ce battement. Et mon estomac s’accroche, à ses nœuds, à ses creux. Frénésie intempestive, chaque atome se manifeste comme un furieux caprice faisant de moi une tendre proie, je pique du nez. 
Un nœud qui ne veut pas tenir, mes doigts emmêlent sans savoir comment arrêter à leur bout la fuite de mes yeux.
Mon propre corps me tourne le dos, il veut ma peau. Mes cheveux ne poussent plus, mes ongles cassent, mes cheveux cassent, mes ongles ne poussent plus. Mon ventre n’a plus d’oreilles, à terre, à plat, il prend et reprend mes esprits. Les yeux m’en sortent, tournent et se dispersent. 
J’en viens aux mains, au feu, aux coups, aux jeux.
Ma tête tourne et ne cache plus aucune idée, je la mets à couper, je ne sais plus où la donner. Mes pieds marchent à l’envers, mes jambes ne sont même pas en l’air, mes mots s’emmêlent, se cognent, s’abiment, et ma voix n’est plus que le spectateur maudit d’une pièce qu’il découvre avec peine.
Je n’ai plus mal. J’oublie ces apparitions lumineuses devant mes yeux, et ces flashs provocants. Je titube dans une douce solitude, prête l’oreille, évite les murs, j’ère comme un état d’âme sans grandeur ;  il va falloir me résoudre à la rendre, sans faire de vagues.
Je parle dans mon propre dos et déclare forfait.

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